16 novembre 2001

Sujets divers #5 : Histoire cochonne


Bonjour à tous et à toutes

Cette compilation s'adresse tout particulièrement aux abonné-e-s du Québec.

Mercredi le 12 novembre dernier, j'ai eu la chance de voir le documentaire «Bacon» de Hugo Latulippe, diffusé à Radio-Québec, ainsi que le débat qui suivait. J'ai été non seulemenmt estomaqué par les révélations faites dans ce film, mais aussi emballé par la vivacité d'esprit et la justesse des propos de Hugo Latulippe qui participait au débat. Quant au refus du représentant de l'industrie porcine d'admettre durant le débat quelque tort que ce soit devant les évidences présentées et à la connivence manifeste du porte-parole du gouvernement, le ministre de l'environnement André Boisclair, avec le lobby de cette industrie, cela ne m'a nullement surpris, mais tout de même choqué.

Pour y faire suite, je me permets de vous faire parvenir ces informations glanées sur le Web que je vous invite à lire et à faire circuler.

Au plaisir de lire vos commentaires sur cette «histoire cochonne» à souhait et très polluante merci.

;-)

Jean Hudon
Coordonnateur du Réseau Arc-en-ciel de la Terre
http://www.cybernaute.com/earthconcert2000

P.S. Si vous désirez réagir face aux problèmes environnementaux que connaît le Québec, je vous invite à visiter le site du Parti Vert du Québec au http://www.partivertquebec.org et à vous y impliquer. Vous pouvez aussi vous abonner à la liste de diffusion du Parti Vert en envoyant un courriel au vboreale@sympatico.ca avec comme Sujet "vert-abonnement"


Si quelqu'un vous a fait suivre ce matériel et que vous désirez être ajouté-e à ma liste française, il suffit de me le demander au globalvisionary@cybernaute.com - Fréquence: 3 à 4 par mois


SUJETS

1. Bacon: le Film
2. Entrevue avec Hugo Latulippe
3. Le cochon sur le grill
4. L'Erreur boréale
5. La CIA aurait rencontré Ben Laden en juillet




1.

Bacon: le Film - Un documentaire de Hugo Latulipe
http://www.onf.ca/baconlefilm/

Le film

Il y a quelques années, les industriels du porc et leurs alliés de la classe politique ont décidé de conquérir les marchés internationaux. Obéissant aux seules lois de l'offre et de la demande, ces gens ont vite fait de transformer la campagne québécoise en un gigantesque parc industriel où une poignée de producteurs se disputent le monopole du désastre environnemental. En milieu agricole, on parle maintenant du danger pour les humains d'entrer en contact avec l'eau des rivières.

Dans un Québec où le rêve américain semble avoir remplacé la religion au chapître des noirceurs, des groupes de citoyens reprennent la parole POUR un Québec à échelle humaine. Abandonnés par l'État, ils tentent de réinventer la démocratie, par la base. Bacon, le film questionne le sort que les québécois réservent à leur pays, à l'heure de la mondialisation des marchés.

Jusqu'à aujourd'hui, aucune voix ne s'était élevée, hors du monde de l'agriculture, pour faire de cette question un enjeu national. Au cours de l'an 2000, Hugo Latulippe a arpenté le Québec, chassant le geste et la parole des acteurs de l'industrie porcine aussi bien que celle des gens qui s'y opposent.




2.

De : http://www.onf.ca/baconlefilm/entrevue.html

Entrevue avec Hugo Latulippe

Décririez-vous Bacon comme un film engagé?

Pour moi, choisir de faire un film sur ceci ou cela constitue en soi un geste délibéré, une intervention. Je n'avais cependant pas prévu consacrer un film à l'industrie porcine québécoise. Je m'inquiétais de ce que les industriels et leurs alliés de la classe politique faisaient de notre écosystème, mais j'étais loin de me douter que la situation était aussi désespérante.

En octobre 1999, quand je suis allé au premier colloque de la coalition Sauver les campagnes, à Saint-Germain-de-Kamouraska, j'avais déjà beaucoup lu sur la question environnementale et, plus particulièrement, sur divers modèles de société plus progressistes en matière sociale et environnementale, comme la Norvège, la Suède ou les Pays-Bas. Sauver les campagnes m'a permis de rencontrer des gens qui se sont organisés, au Québec, avec les moyens du bord, pour se porter à la défense de leur environnement comme les États le font là-bas, recréant par le fait même des liens communautaires et retrouvant ainsi une cohésion sociale qui n'existe plus beaucoup dans le Québec néolibéral.

Certains réagissent d'abord à l'implantation d'une ligne hydroélectrique; d'autres, à la destruction de la forêt boréale; d'autres encore, et c'est le cas type que j'ai choisi, à l'arrivée d'une ou de plusieurs mégaporcheries près de chez eux. Un noyau de résistants est formé et voilà, c'est une petite communauté qui se bâtit autour de valeurs humaines et écologiques.

Parmi les gens de parole que j'ai rencontrés au colloque de Sauver les campagnes, trois personnes - trois leaders - tiennent une place importante dans le film : Roméo Bouchard de Saint-Germain-de-Kamouraska, Élise Gauthier de Saint-Honoré-de-Chicoutimi et Maxime Laplante, de Sainte-Croix-de-Lotbinière.

En tout cas, j'ai vite compris que non seulement les mégaporcheries sont très nombreuses au Québec, mais aussi que le modèle choisi est excessivement destructeur. Moi qui ne m'intéressais jusque-là que très peu à l'agriculture, je suis rentré chez moi ébranlé. Aujourd'hui plus que jamais, je suis convaincu de l'urgence de la situation, persuadé, comme les gens de Sauver les campagnes et de l'Union paysanne, que la rapide dégradation de nos rivières, de notre fleuve, de nos forêts, de notre terre est très préoccupante.

Enfin, il me restait à me convaincre que le sujet, très complexe, se prête bien à un traitement cinématographique.

Est-ce cette complexité qui explique le peu d'attention que l'opinion publique accorde à la question?

Peut-être. Mais j'ai aussi l'impression que le souci croissant des gens pour leur alimentation en fait, de plus en plus, une préoccupation. Et par delà la pollution des cours d'eau, la présence des mégaporcheries soulève des questions qui touchent les fondements mêmes de la démocratie. C'est qu'une poignée de décideurs, y compris les industriels et les représentants de l'État, ont décrété que le Québec deviendrait un des principaux exportateurs de porcs du monde. Or, la population québécoise n'a jamais été consultée avant de se lancer dans ce projet. Et je crois que c'est une hérésie parce que les objectifs ont l'ampleur d'un projet de société.

Les Suisses fabriquent des horloges, les Français produisent du bon vin, les Belges du chocolat. Nous, désormais, on fait du porc, et pas du porc raffiné. Des carcasses! On s'est donné comme projet de surproduire un maximum de chair au plus bas prix possible, car nous exportons à bon marché. Le Québec a opté pour une solution complètement rétrograde, soit la production industrielle, qui n'est véritablement avantageuse, soit dit en passant, que pour une poignée de gros producteurs. On les appelle aussi les intégrateurs, cinq ou six magnats du porc, qui s'enrichissent grâce à l'exploitation des ressources humaines et naturelles du Québec. L'État est d'accord en plus! Il est même partenaire!

Le fil du film est complexe, comme la vie. Observation de deux humanités qui s'affrontent peut-être en chacun de nous. Devenir riche ou durer. Se servir sans égard pour la suite du monde ou léguer aux générations à venir un monde à échelle humaine. Chacun de nous navigue entre ces eaux, résout ce conflit intérieur à sa façon. Certains choisissent de ne jamais regarder les dégâts de la société de surconsommation, de surproduction. D'autres s'interposent courageusement et bloquent la route du néolibéralisme sauvage, s'aliénant inévitablement les premiers.

Entre ces deux camps, il y a la majorité.

Oui, et c'est elle qui tient les rênes de la démocratie et qui devra se faire une idée en voyant le film. Les uns décideront peut-être de l'oublier. Les autres s'insurgeront. Ils pourraient d'ailleurs décider d'arrêter de manger du porc produit en usine. « Acheter c'est voter » dirait Laure Waridel du groupe Équiterre -, ce qui serait tout à fait légitime selon moi.

Mais il faudra aller plus loin, c'est-à-dire réclamer de l'état un soutien majeur en faveur de l'agriculture biologique qu'on devrait simplement appeler agriculture d'ailleurs, c'est l'autre qu'on devrait qualifier! Il faudrait aussi réclamer un embargo complet des subventions à l'agriculture industrielle et d'exportation, qui nous coûte plus cher, comme collectivité, que ce qu'elle rapporte... Non seulement nos impôts contribuent au développement d'une agriculture polluante, mais nous assumons collectivement les coûts liés aux problèmes de santé qu'elle entraîne et aux mesures de dépollution qu'elle nécessite. C'est illogique, même d'un point de vue purement économique. Le vérificateur général a d'ailleurs fait ce constat en 1996 ainsi qu'en 2000. En Europe, depuis les années 80, à peu près tous les pays ont un important programme de subventions pour favoriser la transition d'une méga-agriculture à une agriculture familiale écologique. Ici, dans les coulisses des sommets agricoles et agroalimentaires, on rêve encore du big and fat American dream. Mais cette époque s'achève.

C'est clair, chacun doit reprendre la parole, au-delà du cinéma. Chacun d'entre nous. Partout. Il faut reprendre la parole, d'autant plus que les gens que nous avons élus ne prennent pas assez soin de nous et de la Terre. La démocratie, c'est nous tous, chaque jour dans chacune de nos actions. Aussi, on réalise aujourd'hui que la démocratie agonise si on la réduit à une case cochée tous les quatre ans sur un bulletin de vote. Chaque geste (de consommation, de parole) a un impact, des répercussions sur le monde qui nous entoure. Il faut se réapproprier ces gestes et ces paroles du quotidien et y voir des gestes politiques.

C'est ce que vous faites en tant que documentariste.

Ce film, je l'ai fait par devoir plus que par envie. Ce n'est pas nécessairement une grande percée d'un point de vue cinématographique, mais j'espère que le film aidera le Québec, à sa façon, à réfléchir. S'il parvient à semer le doute dans la tête des gens, j'aurai gagné mon pari et le débat sera lancé.

Etre documentariste, pour moi, c'est notamment se pencher sur une question, un conflit, une facette de la nature humaine et devenir spécialiste, le temps d'un film. Bacon le film résulte d'une démarche de fond. J'ai rencontré ou lu à peu près tous les gens qui ont un avis ou une expertise sur l'industrie porcine au Québec et qui n'ont pas d'intérêt financier. Je n'ai rien découvert, puisque tout ce qui est dans le film est déjà du domaine public. Mais voilà, le simple citoyen n'a pas le temps de mettre ensemble toutes les données afin de se forger une opinion claire sur des questions aussi complexes. Je pense avoir fait ce travail de façon raisonnablement perfectionniste, avec mon coeur et ma sensibilité. C'est pour cela, je crois, qu'on parle de cinéma d'auteur. J'y ai ajouté mon regard, mes inquiétudes, mes impressions de citoyen. Tout de même, il y a fort à parier que l'industrie aura le réflexe de crier à la partialité et citera des études scientifiques contradictoires, dont celles qu'elle a commandées à des universitaires, à des scientifiques qui n'ont pas le courage de mordre la main qui les nourrit. On jouera sur l'incertitude scientifique, sur le flou d'une pollution, de fait, invisible... Mais, des gens devront-ils mourir, des citoyens s'insurger violemment pour freiner sinon arrêter ces multiples lobbies industriels qui galvaudent à qui mieux-mieux des expressions comme développement durable jusqu'au jour où les désastres surviennent? Comment se fait-il que les économistes fassent désormais la loi?

Pourtant, les faits sont là. Depuis 1998, la production des porcheries augmente de 35 % par année au Québec. Au nom du rendement et de la productivité, nous courons à notre perte, littéralement, comme si la planète pouvait supporter une croissance indéfinie... De plus, ce qui n'arrange rien, nous avons choisi une gestion liquide du fumier, dont l'élimination est devenue un problème de taille, ne serait-ce qu'en raison des quantités démentielles. Où déverser 300 000 camions-citernes de merde par année, voilà notre projet de société! Si on les stationnait pare-choc à pare-choc, on constituerait une caravane qui s'étendrait de Québec à Miami! Pour l'instant, tout ce fumier se répand dans les nappes phréatiques du Québec et transforme peu à peu en égoûts les rivières qui coulent en milieu agricole.

Pour contourner le débat, on passe au bulldozer les lois locales et on affaiblit la loi sur la qualité de l'environnement qui stipule pourtant, à l'article 19.1, que toute personne a le droit à la qualité de l'environnement, à sa protection et à la sauvegarde des espèces qui y habitent. En vertu de cette loi, nul n'a le droit de rejeter des contaminants dans l'environnement. On le fait au profit de la loi québécoise sur la protection du territoire et des activités agricoles (Loi 23 ou Droit de produire) qui procure aux producteurs agricoles une immunité leur permettant de rejeter certains contaminants dans l'environnement sans être embêtés par le ministère de l'Environnement. Cette loi est taillée sur mesure pour l'industrie agroalimentaire, qui, dans ce cas, s'interpose entre les citoyens et leurs élus.

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Comme par un effet de symétrie, il y a aussi trois personnes à la barre de Sauver les campagnes, Roméo Bouchard, Élise Gauthier et Maxime Laplante, les gisements de résistance les plus farouches que j'ai croisés au cours de ma recherche. À eux seuls, ils constituent, selon moi, une version efficace, intelligente, progressiste et moderne du ministère de l'Environnement du Québec, un contrepoids de plus en plus redoutable au puissant lobby de l'UPA. Le contexte était idéal pour démontrer à quel point la lutte du citoyen opposé à la mondialisation des marchés ressemble à celle de David confronté à Goliath.

Qu'admirez-vous chez ces personnes?

Elles sont la parole, la démocratie, l'entêtement acharné qui font notre dignité, alors que le gouvernement du Québec est devenu le gouvernement des industriels, celui d'une poignée de gens qui, par leur cupidité, sont en train d'orchestrer l'anéantissement de la beauté humaine, de la beauté tout court. Pourtant, je suis certain qu'il se trouve parmi eux quelques personnes qui doutent, qui ne sont pas d'accord. Jusqu'ici, la plupart se taisent! Mais ne dit-on pas : qui ne dit mot consent!

Je pense que le Québec est prêt pour un nouveau projet de société, véritablement révolutionnaire, et qu'il doit amorcer un changement radical. Michel Jurdant, un des premiers écologistes québécois, parlait, lui, d'une adhésion à un projet de société qui ferait s'écrouler de lui-même le pouvoir actuel. Je pense que si on présente aux citoyens un projet de société basé sur des idées profondes et réfléchies, la révolution s'enclenchera tout naturellement. D'ailleurs, je pense que de plus en plus de Québécois sont convaincus que la deuxième portion du 20e siècle n'avait pas de bon sens. Trop industriel, trop sale. Aussi nous faut-il maintenant un gouvernement de purs et durs, incorruptible, qui se tienne debout devant les pressions des marchés internationaux.

Comme l'a dit Vaclav Havel : « la vraie politique, la seule digne de ce nom, et d'ailleurs la seule que l'on devrait consentir à pratiquer, est la politique au service du prochain. Au service de la communauté. Au service des générations futures. Son fondement est éthique en tant qu'elle n'est que la réalisation de la responsabilité de tous et envers tous. »

Etes-vous pessimiste quant à la politique québécoise?

Non. Mais je souhaite un réengagement des gens brillants en politique. Des gens debout, surtout. Il y en a partout autour de nous, mais ils ne se mouillent pas en politique, en partie, je crois, parce qu'ils n'ont pas une grande envie de côtoyer ceux qui nous gouvernent. Je ne les blâme pas. Je les comprends. Mais il faudra bien, bientôt, reprendre notre Bastille à nous, retrouver un peu de dignité, réinstaurer une terre humaine, renouer avec notre nature profonde avant qu'il ne fasse complètement noir. Il faudra reprendre la parole et devenir une véritable société distincte. Cela commence dans chacun de nos gestes, tous les jours. Il faut offrir une résistance de taille à l'American dream. Cela au nom de la beauté la plus élémentaire. Au nom du bonheur, de l'harmonie. Au nom des humains, des animaux, des fleuves et des rivières. Au nom du pays que nous sommes.


POUR COMMANDER LE FILM:
http://www.onf.ca/baconlefilm/commander.html




3.

De : http://www.eausecours.org/entree_generale/express_o/le_cochon_sur_le_grill.htm

Le cochon sur le grill

L'industrie porcine québécoise et le gouvernement vont passer les prochains mois sur un gril médiatique chauffé à blanc avec la sortie de Bacon, le film mercredi soir à l'ONF. C'est d'ailleurs la société paragouvernementale fédérale qui agit comme parrain de ce nouveau documentaire-choc, conçu dans la veine de L'Erreur boréale, lequel est en voie de faire école au Québec. Grosse tournée en région prévue (http://www.onf.ca/baconlefilm) et diffusion à Télé-Québec le 12 novembre à 20h.

Réalisé par Hugo Latulipe, un jeune cinéaste lancé par la Course destination monde, ce documentaire n'est pas, déclare son auteur, «un strict travail de cinéaste mais un outil» pour forcer la conscience des choix sociaux, économiques et politiques imposés par une minorité de gros industriels agricoles, que l'ancien ministre de l'Environnement, David Cliche, avait surnommé les «barons du cochon».

Le film cible d'ailleurs autant les politiciens que les mandarins qui, sans mandat explicite ni débat public, ont transformé le monde rural en champ de bataille sociale en raison de la contamination des eaux souterraines et de surface, des odeurs et des pratiques cruelles envers les animaux qu'impose, selon Hugo Latulipe, le pari de la production intensive de porcs au Québec.

Caméra à l'épaule, le jeune cinéaste a fait ce film après avoir réalisé que les porcs étaient sur le point de devenir plus nombreux que les humains au Québec avec des déjections équivalant au double de celles des humains, une dénaturation des campagnes et, à la limite, un enjeu de démocratie, dit-il.

Hugo Latulipe ne récuse pas les parallèles avec le film-choc du poète Richard Desjardins sur la forêt boréale parce que, dit-il, en agriculture aussi, l'État a décidé de privilégier les intérêts d'un petit groupe.

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Le film démarre en trombe par une entrevue surréaliste avec l'attachée de presse de l'ancien ministre de l'Agriculture, Rémi Trudel, laquelle réclame au téléphone de voir le scénario et le script comme condition préalable à toute entrevue avec son patron. Deux autres personnes ont refusé des entrevues au réalisateur parce qu'il a refusé, conformément à l'éthique élémentaire en matière de liberté d'information, de se plier à un contrôle extérieur pour obtenir la version gouvernementale. Il s'agit, selon le film, de l'ancien ministre de l'Environnement, Paul Bégin, et du président de l'Union des producteurs agricoles, Laurent Pellerin.

L'existence même de ce deuxième film-choc, qui présente l'envers de la position officielle dans un autre secteur des ressources naturelles, constitue un acte d'accusation envers les grands médias d'information.

«Mon film parle et montre la collusion entre les industriels et le gouvernement et ses impacts environnementaux et sociaux. Les grands médias, de façon générale, n'ont plus le temps de fouiller ces dossiers. D'aller en profondeur. On dirait même, à regarder leur couverture, qu'il y a de la censure ou de l'autocensure. Ils ne parlent pas de cette collusion évidente mais sombrent plutôt dans le mantra ridicule du néolibéralisme. Ils y participent eux aussi. Ils appartiennent à des intérêts de plus en plus gros et colonisent les esprits. Il faut une soupape et un film comme le nôtre, ça sert à ça. Tout ce qu'on raconte, je le répète, a déjà été écrit dans certains médias, comme le vôtre notamment. Mais nous, on fait du cinéma. On montre ce qui se passe. On fait une synthèse et on met les gens des deux bords en action avec leurs tripes, avec leurs sentiments, avec leurs rêves et leur vision.»

Hugo Latulipe reconnaît que son dossier aurait pu être plus étoffé à certains égards. Ainsi, il ne parle pas des nombreuses régions en surplus de fumiers et lisiers, la preuve la plus criante de l'inefficacité chronique des normes environnementales derrière lesquelles se réfugient producteurs et mandarins tout au long du film. Mais le cinéma étant images, celle du haut fonctionnaire du ministère de l'Environnement qui montre comment il passe les demandes de porcheries dans le «fast track» de l'évaluation administrative illustre mieux que tout à quel point la protection de l'environnement au Québec est devenue paperasse, déconnectée de la protection des écosystèmes réels et des ressources vitales comme l'eau.

Le film ajoute des images surprenantes sur les traitements imposés au bétail, qu'on empêche même de marcher pour ne pas perdre un quart d'onces de gras. Les truies vivent et accouchent sur des grilles de métal ajourées dans des enclos qui leur laissent à peine quelques pouces d'espace vital. L'insémination artificielle et la promiscuité transforment ces bêtes pourtant capables de sentiments en vulgaires machines à viande, ce qui n'est pas si surprenant dans un univers où tout ce que les «intégrateurs» demandent à leurs nouveaux vassaux, c'est de prendre leurs animaux, de les engraisser dans leurs équipements avec leurs moulées généralement, et d'éliminer quelque part les excréments dont personne ne veut. Le marché japonais se délectera de ce jambon rose made in Quebec...

Cette vision décapante, à l'opposé de celle de l'UPA sur l'agriculteur gestionnaire-technologue qui met le Québec à l'heure de la mondialisation, donne la mesure en finale de la portée des lois récentes qui soustraient les pratiques agricoles aux règles environnementales, à la règle de droit des tribunaux ordinaires et au pouvoir démocratique des communautés locales, un «droit de produire» que le film accuse le législateur de faire passer par-dessus celui de la sécurité de l'eau et du droit de chacun de jouir de son milieu de vie.

Un film politique et engagé? Sans l'ombre d'un doute, conclut Hugo Latulipe, qui propose rien de moins qu'une vision rajeunie du nationalisme, redéfini comme un antidote à la mondialisation: «Je pense que de plus en plus de Québécois sont convaincus que la deuxième portion du XXe siècle n'avait pas de bon sens. Trop industrielle. Trop sale. Aussi nous faut-il maintenant un gouvernement de purs et durs, incorruptible, qui se tienne debout devant les pressions des marchés internationaux.»

Y aurait-il une odeur de roussi en provenance du gril?...

La sortie de Bacon, le film suscite des réactions diamétralement opposées. Pendant que les producteurs de porcs reprochaient au film «son manque d'objectivité et son caractère tendancieux», l'Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) y voyait un «bilan courageux des enjeux méconnus de la transformation en cours du milieu agricole».

De son côté, le ministre de l'Environnement du Québec, André Boisclair, disait que ce film «d'un jeune de [sa] génération» rejoignait ses préoccupations et celles du gouvernement sur la mondialisation, «qui ne doit pas se faire au prix de la disparition du milieu culturel, au prix aussi de l'environnement». Mais, ajoutait le ministre, «le film aurait dû faire droit à la contribution du gouvernement au grand débat de famille en cours au Québec sur la production agricole».

Pour le ministre, cette contribution est particulièrement illustrée par le quasi-moratoire imposé à la production porcine dans les 165 municipalités du Québec en situation de surplus, une mesure qu'il qualifie de «décision environnementale la plus structurante jamais prise en environnement au Québec».

André Boisclair ajoute que Québec s'en vient avec un «nouveau règlement sur la production agricole», qui donnera suite au chapitre consacré à l'agriculture dans la future politique de l'eau, annoncée pour la fin de l'automne.

Clément Pouliot, le président de la Fédération des producteurs de porcs (FPP), estime que le film n'est pas branché sur la réalité: «Non, les producteurs de porcs qui ont vu le film ne se reconnaissent pas du tout car le miroir de l'ONF ne réfléchit vraiment pas notre image, notre réalité à tous, de tous les jours. [...] Par exemple, affirmer que la campagne québécoise a été transformée en un gigantesque parc industriel fait preuve d'un manque évident de perspective. La réalité est tout autre. En se promenant à la campagne, on est loin d'y voir un paysage industriel et inhumain.»

«Certes, ajoute le président de la FPP, la production porcine moderne a ses excès qu'il faut corriger, mais notre lancée agroenvironnementale est enclenchée depuis quelques années et, déjà, des résultats concrets sont palpables et reconnus. Mais pas un mot là-dessus dans le film.»

Denis Boutin, le responsable du dossier agricole à l'UQCN, estime que Bacon, le film «rapporte des faits véridiques mais des faits qui n'ont pas pour but de donner une idée de l'ensemble de l'agriculture. Les faits rapportés veulent plutôt illustrer les forces qui sont à l'oeuvre pour faire du milieu agricole un monde industriel. Et c'est déjà commencé: les images qu'on montre ne viennent pas de la planète Mars. Certes, entre l'intégrateur du film et le cultivateur qui entaille ses érables au vilebrequin manuel, il y a toute l'agriculture québécoise. Mais ces simplifications, qui ont pour but de mieux dégager les enjeux, font que ce film jette enfin les bases d'un vrai débat public au Québec sur l'avenir de notre agriculture, dans un esprit de synthèse qui relie entre eux les enjeux démocratiques, sociaux et environnementaux. Et qui pose la question du rôle véritable du gouvernement.»




4.

PUISQU'IL EST QUESTION CI-DESSUS DU FILM L'ERREUR BORÉALE PARU L'AN DERNIER, J'AI PENSÉ QU'IL ÉTAIT À PROPOS D'INCLURE AUSSI CE QUI SUIT. À NOTER QUE LES RAVAGES DÉNONCÉS DANS CE FILM N'ONT PAS CESSÉ

De : http://www.nfb.ca/F/4/ebindex.html

L'Erreur boréale

Un film de Richard Desjardins et Robert Monderie

Durée : 68 minutes C 9299 010

Maintenant disponible sur vidéocassette

Dans l'imaginaire collectif, la forêt a longtemps été perçue comme un espace éternel et infini. Cette importante richesse, que l'on croyait inépuisable, est aujourd'hui menacée. Face au silence et à l'ignorance qui règnent en maître sur cet univers, L'Erreur boréale soulève la question de la responsabilité collective devant la destruction de cette grande richesse, et ce, malgré le discours officiel qui nous assure, logiciel à l'appui, que le patrimoine forestier est et demeurera intact. Le scénario est à l'image de Richard Desjardins : mots chocs, images fortes, paradoxes, qui remettent en cause la qualité gestion de notre forêt. Les opinions sont tranchées et opposées. Il y a ceux qui, sensibles à la richesse du patrimoine vert, s'inquiètent de l'exploitation qu'on en fait, et d'autres, membres de l'industrie et de l'État, qui jurent que la ressource forestière sera préservée. Pendant que la caméra survole de vastes étendues de forêt, ou, du moins, ce qu'il en reste, L'Erreur boréale émet l'hypothèse dramatique de la liquidation de la forêt. Appuyés par des propos de professionnels forestiers, ce film est une charge à fond de train contre la prédation forestière.

Notre forêt est-elle réellement entre bonnes mains?

MOT DES RÉALISATEURS

Ce qui se passe dans la forêt québécoise est mystérieux et inquiétant. Depuis le moment où nous avons entrepris de faire ce film, il y a quatre ans, nous nous sommes attardés dans cette forêt, perdus, retrouvés, reperdus, bien de fois. En 1992, la compagnie forestière Norbord est venue "prélever des tiges" (abattre des arbres) derrière le chalet de mon père, à vingt kilomètres d'une route asphaltée, en Abitibi. La compagnie opérait comme si elle préparait le terrain en prévision de faire un parking de centre d'achat. Nous avons loué un petit avion pour aller voir l'étendue de la coupe. Méchants Parkings ! Nous avons survolé la région voisine puis, encore plus loin puis, tout le Québec. Cette forêt ressemble aujourd'hui à une peau d'ours rasée style mohawk. Néanmoins, les milieux professionnels forestiers (état-industrie) jurent que la ressource forestière est, et sera préservée ; qu'on y prélève annuellement, en terme de matière ligneuse, que l'intérêt du capital. C'est l'opinion de ceux pour qui les arbres n'acquièrent de valeur qu'une fois couchés par terre. Mais hors de ce puissant groupuscule d'initiés, les autres utilisateurs de la forêt perçoivent une toute autre réalité. Chasseurs, pêcheurs, pourvoyeurs, pleinairistes, chercheurs indépendants, simples amants de la nature ont plutôt tendance à croire que la gestion de la ressource forestière s'effectue sur la base de sa liquidation. La forêt, c'est la plus grosse business du Québec. À peu près personne ne semble le savoir. La divergence entre ces deux visions est prononcée. Hold-up magistral?




5.

CECI EST PARU RÉCEMMENT DANS LE FIGARO - À MA CONNAISSANCE AUCUN MÉDIA AMÉRICAIN OU CANADIEN N'EN A FAIT MENTION - LA COLLUSION TOUJOURS ACTUELLE ENTRE LA CIA ET BIN LADEN Y EST RÉVÉLÉE

http://www.lefigaro.fr/cgi-bin/gx.cgi/AppLogic+FTContentServer?pagename=FutureTense/Apps/Xcelerate/View&c=figArticle&cid=FIGJMSRVETC&live=true&Site=true&gCurChannel=ZZZJTGN6J7C&gCurRubrique=ZZZ4GPM6J7C&gCurSubRubrique

La CIA aurait rencontré Ben Laden en juillet

L'ennemi public numéro un aurait été soigné dans l'hôpital américain de Dubaï au début de l'été pour de graves insuffisances rénales. Durant son séjour de 15 jours, le milliardaire saoudien aurait reçu la visite d'un représentant local de la CIA. Cet agent aurait même été informé sur d'éventuels attentats.

Dubaï, l'un des sept émirats de la fédération des Emirats arabes unis, au nord-est d'Abu Dhabi. Cette ville de 350 000 habitants a été le théâtre discret d'une rencontre secrète entre Oussama ben Laden et le représentant de la CIA sur place, en juillet. Un homme, partenaire professionnel de la direction administrative de l'hôpital américain de Dubaï, affirme que l'ennemi public numéro un a séjourné dans cet établissement hospitalier du 4 au 14 juillet.

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Durant son hospitalisation, Oussama ben Laden a reçu la visite de plusieurs membres de sa famille, de personnalités saoudiennes et émiraties. Au cours de ce même séjour, le représentant local de la CIA, que beaucoup de gens connaissent à Dubaï, a été vu empruntant l'ascenseur principal de l'hôpital pour se rendre dans la chambre d'Oussama ben Laden. Quelques jours plus tard, l'homme de la CIA se vante devant quelques amis d'avoir rendu visite au milliardaire saoudien. De sources autorisées, l'agent de la CIA a été rappelé par sa centrale le 15 juillet, au lendemain du départ de Ben Laden pour Quetta.

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Selon différentes sources diplomatiques arabes et les services de renseignements français eux-mêmes, des informations très précises ont été communiquées à la CIA concernant des attaques terroristes visant les intérêts américains dans le monde, y compris sur le territoire de l'Union. Un rapport de la DST daté du 7 septembre rassemble la totalité de ces données, précisant que l'ordre d'agir devait venir d'Afghanistan.

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Les contacts entre la CIA et Ben Laden remontent à 1979 lorsque, représentant de la société familiale à Istanbul, il commença à enrôler des volontaires du monde arabo-musulman pour la résistance afghane contre l'Armée rouge. Enquêtant sur les attentats d'août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dares-Salaam (Tanzanie), les enquêteurs du FBI ont découvert que les traces laissées par les charges proviennent d'un explosif militaire de l'armée américaine et que cet explosif a été livré trois ans auparavant à des Afghans arabes, les fameuses brigades internationales de volontaires, engagés au côté d'Oussama ben Laden durant la guerre d'Afghanistan contre l'armée soviétique.

Poursuivant ses investigations, le FBI découvre des «montages» que la CIA avait développés avec ses «amis islamistes» depuis des années. La rencontre de Dubaï ne serait donc que la suite logique d'une «certaine politique américaine».

VOIR AUSSI:

Ben Laden et la CIA: les détails de la rencontre

http://www.radiofranceinternationale.fr/special.asp?m1=1&m2=1&SurTitre='Attentats++l+enquête+et+les+suites'&Titre='Ben+Laden+a+reçu+un+agent+de+la+CIA+à+Dubaï







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