Lettre urgente à l'attention de tous les Québécois
et de toutes les Québécoises - et suivi...


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L'Anse-Saint-Jean, Québec, Canada

Le 1er mai 2011

À ceux et celles qui croient qu'il faut continuer à voter pour le Bloc afin de faire obstacle à Harper, je dis que vous laissez peut-être votre peur des Conservateurs vous troubler au point de pas vouloir admettre la possibilité que le NPD puisse remplacer les Libéraux comme deuxième formation politique en importance au pays, et donc former l'opposition officielle, auquel cas, advenant que Stephen Harper soit en mesure de former à nouveau un gouvernement minoritaire - selon les sondages actuels et lui-même l'admettait aujourd'hui - les 3 autres principaux partis pourraient le défaire dès qu'il tentera de faire adopter son budget, et alors, à l'exemple de la coalition en Angleterre entre les Conservateurs et les Libéraux démocrates, le NPD allié aux Libéraux - avec le soutien tacite de ce qui restera du Bloc - pourrait former un gouvernement minoritaire, une possibilité que plusieurs chroniqueurs politiques ont d'ailleurs évoquée ces derniers jours.

Ce qui reste à voir dans ce scénario, c'est si les Libéraux accepteront de jouer les seconds violons, laissant ainsi la chance au NPD de dorer suffisamment son blazon auprès de l'électorat canadien (en gouvernant adroitement sans commettre de bourdes au plan économique) pour ensuite écraser complètement les Libéraux aux élections suivantes et alors former un gouvernement majoritaire. Une telle perspective, du point de vue des Libéraux ne va guère les enchanter et une telle coalition - si elle est formée - pourrait être encore une fois de courte durée - en fait le temps que les Libéraux se choisissent un nouveau chef (Justin Trudeau sans doute), renflouent les coffres de leur parti et se sentent prêts à se relancer en campagne, soit l'affaire de deux ans j'imagine.

Devant ce genre de considérations, et si une telle coalition est formée, il reste à espérer que Jack Layton ait la sagesse d'accepter de nommer quelques ministres issus de la députation libérale (y compris peut-être l'ancien néo-démocrate Bob Rae) afin de ne pas monopoliser pour le NPD seul toute le mérite d'avoir bien gouverné le pays, et qu'ainsi les Libéraux soient suffisamment satisfaits du 'deal' pour ne pas abandonner trop vite la coalition. Les Libéraux ayant paraît-il emprunté de nombreuses idées du NPD pour leur plateforme électorale, ça ne devrait pas poser de problèmes du point de vue idéologique. Un réel partage du pouvoir - et pourquoi pas donner aussi un rôle important à Élizabeth May dans l'environnement si elle parvient à se faire élire?... – pourrait toutefois être un terreau fertile pour des conflits de personnalité et ce serait donc certainement une expérience politique intéressante à suivre, et peut-être même l'amorce d'un nouveau modèle de gouvernement basé sur la recherche du plus large consensus possible, plutôt que sur le pouvoir brut tel que traditionnellement exercé depuis la création du Canada.

Quant au Bloc Québécois, nous lui devons certes une fière chandelle d'avoir bloqué l'accession des Conservateurs à la majorité, mais contrairement à ce que Pauline Marois (la prochaine première ministre du Québec que j'estime beaucoup et qui saura bien mieux défendre les intérêts des Québecois que ne le peut Gilles Duceppe et le Bloc dont il a hérité, cet éternel tiers parti à la Chambre des Communes) défendait aujourd'hui dans les médias (elle ne pouvait décemment refuser d'aller à la rescousse de Gilles...), le temps du Bloc à Ottawa tire à sa fin. Si Pauline désire sincèrement trouver un moyen de faire voter en faveur de l'indépendance ceux parmi les Québécois qui sont politiquement frileux et hésitants à perdre leur passeport canadien, elle a tout intérêt à ce que ces derniers ne puissent plus compter sur la béquille du Bloc à Ottawa pour défendre leurs intérêts – ce qui ne fait que prolonger l'agonie du rêve indépendantiste – et s'en remettent plutôt massivement à ses bons services pour que nous puissions mieux tirer notre épingle du jeu politique canadien en commençant par rapatrier un à un des pouvoirs et des compétences d'Ottawa comme elle entend le faire, une démarche qui recevrait certainement une fin de non recevoir de la part de Harper, mais qui pourrait très bien trouver une personne disposée à collaborer en la personne du Montréalais de naissance qu'est Jack Layton – qui comprend sûrement mieux la dynamique souverainiste que tous les autres politiciens canadiens.

Je crois sincèrement qu'en votant massivement pour le NPD comme les Québécois s'apprêtent à le faire, entraînant potentiellement dans leur sillage un nombre suffisant de citoyens progressistes des autres provinces, qui eux aussi ont compris l'importance du choix stratégique et historique que leurs concitoyens du Québec s'apprêtent à faire, nous POUVONS tous ensemble donner un bon coup de barre à gauche à la direction d'un pays qui, sous Harper, a beaucoup trop dérivé à la droite de nos valeurs historiques fondamentales -- celles d'une nation qui ne fait pas la guerre mais qui oeuvre activement pour la paix, d'une nation qui en a assez de se voir décerner des prix fossiles et qui désire enfin jouer un rôle de leadership pour le développement d'une économie mondiale verte et durable, soucieuse autant du bien-être des générations futures que du nôtre, en visant une prospérité raisonnable et équitable envers toutes les couches de la société -- je crois sincèrement, dis-je, que c'est une ère de franche collaboration politique, humaine et économique qu'un vote massif pour Jack Layton et toute son équipe va nous assurer.

Le véritable défi, si tous ces pronostics optimistes se réalisent, ce sera d'éviter une fracture idéologique au sein de la population canadienne, une cassure (un peu semblable à celle observée aux États-Unis) entre les partisans d'une idéologie rétrograde et passéiste, incarnée au Canada par le parti de Stephen Harper, et les partisans de la vision d'un Canada orienté vers l'avenir, prêt à relever le défi d'une transition rapide à une nouvelle économie verte et frugale en ressources naturelles que nous gaspillons aujourd'hui avec une inconscience et une insousciance comparables à celles des passagers du Titanic que notre planète exsangue est devenue, et déterminé à jouer un rôle novateur et visionnaire sur la scène internationale afin d'aider tous les citoyens de cette belle planète à sortir des griffes du capitalisme sauvage et débridé, dont la course aveugle aux profits en faveur d'une petite poignée de riches privilégiés est en train de mettre à mort tous nos espoirs d'un avenir meilleur pour nos enfants et pour leurs propres descendants. Ça va prendre beaucoup de doigté, de respect pour la perspective de chacun, mais aussi de leadership éclairé et proactif pour nous sortir de la M... actuelle. Le seul que je vois qui puisse y parvenir est celui que les Québécois sentent d'emblée qu'il mérite de devenir notre prochain premier ministre from coast to coast : Jack Layton.

Très cordialement

Jean Hudon


Cette lettre est archivée au http://www.earthrainbownetwork.com/Archives2011/NPD.htm



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En réponse à une dame qui m’écrivait : « Je suis tout à fait d'accord avec votre opinion. Malheureusement, cet Harper a gagné la majorité, ce qui me rend dingue... Vous avez su très bien prendre le pouls des Québécois en prévoyant le vent orange de monsieur Layton. Il peut être fier de lui et de son équipe. "Laytonnement" !!!

... j’ai répondu ce 3 mai 2011...

Si j'ai su prendre le pouls des Québécois, je n'ai toutefois pas prévu la débandade libérale, surtout celle en Ontario, principalement due à la remontée trop tardive de popularité du NPD, ce qui, en divisant le vote, a ouvert la voie à la majorité de Harper... laquelle change complètement la donne.

Si Harper ne parvient pas à donner suffisamment de mou et à consentir aux demandes de transfert de compétences et de responsabilités vers le Québec que demandera certainement Pauline Marois lorsqu'elle sera élue première ministre du Québec, cela risque de déplaire alors souverainement aux Québécois, renforçant ainsi leur fibre nationaliste. Si Harper gouverne trop à droite et en fait trop pour satisfaire sa base traditionnelle (celle du Reform Party notamment), les Québécois ne pourront se reconnaître dans ce gouvernement et pourraient être très tentés de voler de leurs propres ailes et ainsi voter très majoritairement en faveur du projet souverainiste que, sondages à l'appui des conditions gagnantes, le PQ leur soumettra alors dans un troisième référendum.

Toutefois, il y a encore loin de la coupe aux lèvres, car pour que les Québécois n'aient pas le sentiment que le Parti Québécois a manipulé le jeu en forçant les Conservateurs par des demandes excessives à se comporter de telle manière que cela révolte l'ensemble de la population, la partie devra être jouée très adroitement et avec une franchise et une honnêteté inattaquables... à tel point que même les Canadiens seront amenés à reconnaître que Harper se comporte d'une manière inacceptable face aux demandes d'une plus grande autonomie administrative visant à mieux refléter la spécificité québécoise, dans le cadre du fameux fédéralisme asymétrique. Harper étant un fin renard, il est possible qu'il en fasse assez pour empêcher la soupe québécoise de se renverser dans un grand bouillonnement souverainiste et ainsi tuer dans l'oeuf tout velléité indépendantiste.

Il faudra aussi que le Parti Québécois parvienne à faire participer les Québécois dans l'élaboration d'un projet de pays dont les ambitions et les objectifs puissent combler leurs attentes progressistes et écologistes tout en ne menaçant pas leur prospérité, leur fonds de pension ou leurs projets de carrière. On ne peut s'imaginer que nous accepterions de voter massivement oui sur de vagues promesses de meilleurs lendemains souverainistes. On doit pouvoir toucher la marchandise avant de l'acheter et s'assurer qu'elle sera bien adaptée à nos mensurations philosophiques et identitaires dans un Québec qui n'est plus tricoté aussi serré qu'auparavant.

Quant au parti de Jack Layton, malgré sa belle victoire historique il ne pourra dans son rôle d'opposition officielle que s'en remettre au bon vouloir de Stephen Harper pour tenter de faire passer ses propositions qui risquent fort de se transformer en une opposition inévitablement futile devant le rouleau compresseur de mesures ultra-conservatrices que le gouvernement majoritaire de Harper n'aura plus aucune hésitation à imposer - ce que je ne souhaite nullement, bien sûr, et ce qui nous ferait tous rager, bien évidemment. Si la Confédération canadienne ne se désagrège pas sous les coups de boutoir de politiques potentiellement extrémistes que les Conservateurs pourraient être tentés d'adopter, alors les Néo-démocrates auront peut-être une chance de remporter la véritable victoire dans 4 ans... Beaucoup d'eau coulera dans nos turbines hydroquébécoises d'ici là... On verra ! Sans compter que bien des crises planétaires pourraient venir bouleverser nos petites vies bien tranquilles dans ce beau Québec et ce grand Canada entre lesquels nos coeurs balancent.

Telles sont les pensées que m'inspirent la nouvelle situation politique canadienne.

Jean

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